ÉVANGILE « L’Esprit de vérité vous conduira dans la vérité tout entière » (Jn 15, 26-27 ; 16, 12-15)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du Père, lui, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur. Et vous aussi, vous allez rendre témoignage, car vous êtes avec moi depuis le commencement. J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter. Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : mais ce qu’il aura entendu, il le dira ; et ce qui va venir, il vous le fera connaître. Lui me glorifiera, car il recevra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. Tout ce que possède le Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : L’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. »

Homélie

En pleine fête de la Pentecôte à Jérusalem, l’année de la mort de Jésus, alors que la ville  grouille de pèlerins venus du monde entier pour célébrer le don de la loi au Sinaï, voilà que les apôtres, jusque là repliés sur leur déception et leur peur , déverrouillent la porte de leur maison et de leur cœur et vont au devant de la foule étonnée pour témoigner simplement et courageusement de cette incroyable nouvelle, de cette nouvelle qu’on appelle aujourd’hui la bonne nouvelle, l’évangile : Jésus le Christ est vivant et il nous appelle tous à la vie et au bonheur avec lui. Depuis le soir de Pâques où le ressuscité leur a donné son Esprit et les a envoyé en mission, il a fallu du temps pour que la foi, la confiance fassent place à la peur. Et aujourd’hui comme hier, la foi ne va pas de soi : c’est toujours un don, une victoire du ressuscité sur nos peurs et sur nos doutes. Il y avait donc foule ce jour là à Jérusalem, une foule nous dit le texte des actes des apôtres « issue de toutes les nations qui sont sous le ciel ». Une foule de nations et d’ethnies diverses, une foule, de couleurs, de langues et de costumes divers comme on peut l’expérimenter par exemple lors d’un pèlerinage à Lourdes, comme nos pèlerins savoyards ont pu l’expérimenter la semaine dernière. Et dans cette foule chacun entend dans sa langue et peut accueillir la nouvelle que les apôtres ont reçu pour mission de mettre à la portée de tous les peuples de la terre. Il est là l’enseignement de la Pentecôte : c’est l’anti-babel où les hommes se sont divisés et opposés parce qu’ils ne se comprenaient plus. ? A la pentecôte l’Esprit du ressuscité rejoint chacun dans sa diversité et chacun est capable d’entendre l’évangile qui parle notre langue. Dieu nous rejoint chacun là où nous sommes et là où nous en sommes. La prière eucharistique dit : «Dans ta miséricorde, tu es venu en aide à tous les hommes pour qu’ils te cherchent et puissent te trouver ». Dieu rejoint chaque génération ce qui donne une Eglise aux multiples visages où chacun dans sa civilisation comme dans sa langue proclame les merveilles de Dieu et professe, confesse la même foi. La pentecôte c’est le don continu de cette parole vivante qui  rejoint notre recherche de la vérité et vient éclairer le chemin de la foi. Un chemin,  pas un musée ; un chemin c’est l’aventure. « Ne sais tu pas que tu es en chemin  et que le chemin n’est pas fait pour s’asseoir mais pour marcher ? Et il est tellement fait pour marcher que marcher s’appelle cheminer », écrit saint François de Sales dans le traité de l’amour de Dieu. Oui cheminer avec celui qui est pour nous le chemin, la vérité et la vie. Et quelle aventure, quel chemin  s’est ouvert devant les apôtres le jour de la pentecôte, une aventure dont nous sommes les acteurs aujourd’hui. Alors à nous, à l’Eglise d’aujourd’hui de trouver le langage susceptible d’être compris par l’autre surtout s’il est différent, à nous de trouver le langage susceptible d’être compris par les nouvelles générations. A nous d’être des langues de feu plutôt que des langues de bois.  « Chaque fois que nous cherchons à revenir à la source pour récupérer la fraicheur originale de l’évangile, surgissent de nouvelles voies, des méthodes créatives, d’autres formes d’expression, des signes plus éloquents, des paroles chargées de sens renouvelé pour le monde d’aujourd’hui. En réalité toute action évangélisatrice authentique est toujours nouvelle » 11 « La pastorale en terme missionnaire exige d’abandonner le confortable critère pastoral du : on a toujours fait comme ça »33. Ce sont les mots du pape François dans la joie de l’évangile. Et à propos de la diversité de l’expression de la foi, il nous dit que ce serait contraire à la logique de l’incarnation que de penser à un christianisme mono-culturel et monocorde. »   « Nous ne pouvant pas prétendre que tous les peuples de tous les continents, en exprimant la foi chrétienne, imitent les modalités adoptées par les peuples européens à un moment précis de leur histoire » C’est ce que prétendent  traditionalistes et intégristes,  mais voici qu’un homme venu d’un autre continent, d’une autre culture, le pape François, nous appelle à être docile à l’œuvre de l’Esprit et à nous ouvrir à l’universalité, la catholicité comme à la richesse de la diversité.

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