ÉVANGILE « Qu’ils soient un, comme nous-mêmes » (Jn 17, 11b-19)
En ce temps-là, les yeux levés au ciel, Jésus priait ainsi : « Père saint, garde mes disciples unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes. Quand j’étais avec eux, je les gardais unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné. J’ai veillé sur eux, et aucun ne s’est perdu, sauf celui qui s’en va à sa perte de sorte que l’Écriture soit accomplie. Et maintenant que je viens à toi, je parle ainsi, dans le monde, pour qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés. Moi, je leur ai donné ta parole, et le monde les a pris en haine parce qu’ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi je n’appartiens pas au monde. Je ne prie pas pour que tu les retires du monde, mais pour que tu les gardes du Mauvais. Ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi, je n’appartiens pas au monde. Sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité. De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde. Et pour eux je me sanctifie moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la vérité. »
Homélie
La fête de l’ascension nous a montré des disciples désemparés, tentés par la nostalgie en restant là à regarder le ciel et à repenser à tout ce qu’ils avaient vécu, appris, partagé avec celui qui est parti, qu’ils ne reverront plus, même si son Esprit est là bien vivant, bien agissant en eux. Ils passent par une phase de deuil comme nous en faisons l’expérience après la mort de quelqu’un de proche. Et puis il faut bien que la vie continue, n’est ce pas là meilleure preuve d’amour et de fidélité envers celui qui n’est plus là ?
Alors on s’organise. Même si les apôtres se sont mal comportés pendant la passion de Jésus et Pierre, le responsable, en sait quelque chose, c’est sur eux que repose l’avenir. Ils vont compléter le groupe des douze en choisissant un homme parmi ceux qui les ont accompagnés depuis le début jusqu’à l’ascension. On peut être étonnés par la façon dont ils choisissent en tirant au sort. Eh bien figurez-vous que c’est encore comme ça qu’est choisi le pape de l’Eglise copte. Après un long processus de consultation des communautés, on inscrit sur un papier les 3 noms se détachent et au cours d’une messe solennelle, un enfant vient tirer un papier et désigne ainsi le responsable de l’Eglise. Ca peut nous paraître anecdotique, mais ça nous montre la grande diversité des coutumes et des pratiques chez les chrétiens.
Les apôtres très bloqués encore dans leur conscience et traditions juives, rétablissent le nombre de douze qui évoque bien sûr les 12 tribus, l’ensemble du peuple juif.
Tout au long du livre des actes des apôtres, nous nous rendons compte de la difficulté, pour les premiers disciples de couper le cordon avec la synagogue et d’accueillir des non juifs, d’ouvrir l’Eglise aux peuples du monde. A la pentecôte pourtant chacun entendra le témoignage dans sa langue. Et ce sera encore l’œuvre de l’Esprit lors de la fameuse rencontre de Jérusalem où les apôtres réunis décident qu’il n’ait pas besoin de se faire juif pour recevoir le baptême, ce sera l’œuvre de L’Esprit accompagnant les premiers missionnaires en en particulier l’apôtre Paul.
Oui il a fallu couper le cordon avec la synagogue, mais couper le cordon ne signifie pas renier, au contraire cela nous dit d’où on vient.
Nous venons bien de la première alliance, du premier testament qui est en quelque sorte la matrice de l’alliance nouvelle en Christ. Ne pas l’avoir toujours à l’esprit reviendrait à renier notre mère. C’est pour bien souligner ce lien que depuis le dernier concile, la première lecture est choisie dans l’ancien testament en fonction du texte d’évangile, sauf au temps pascal où nous lisons les actes des apôtres.
L’évangile de Jean nous montre Jésus en prière au soir de la cène.
Jésus qui va partir, a le souci de ceux qu’il laisse, il prie pour eux, il prie pour nous, il prie pour notre bonheur, pour que nous soyons comblés de joie en découvrant à quel point Dieu nous aime et veut notre réussite comme il veut la réussite du monde, la réussite de la création.
Disciples du Christ, chrétiens comme on nous appelle depuis un jour à Antioche pour nous distinguer de la communauté juive, nous n’avons pas été capables de rester dans l’unité comme Jésus le demande dans sa prière. Pas dans l’uniformité mais dans l’unité de foi et d’amour. Que de disputes, de guerres au cours de l’histoire, que de divisions qui durent toujours et qui sont incompréhensibles pour ceux qui nous regardent et à qui on dit que notre Dieu est un Dieu d’amour, un Dieu qui nous appelle à nous aimer.
Cet amour de Dieu visible dans l’amour les uns pour les autres, c’est l’obsession de l’apôtre Jean dans ses lettres. C’est ce que la liturgie nous a fait entendre encore aujourd’hui « Nous devons nous aimer les uns les autres. Dieu personne ne l’a jamais vu, mais si nous aimons les uns les autres Dieu demeure en nous ». Un peu plus tôt dans la même lettre il nous précise que nous devons aimer non pas avec des paroles et des discours mais par des actes et en vérité. Ce que le pape François a traduit dans cette phrase : « L’Eglise ne grandit pas par prosélytisme mais par attraction », pas de discours qui veulent embrigader, mettre au pas, imposer des idées, mais un témoignage de vie qui donne envie.
Voilà un vaste programme pour toute notre vie !